Ar-men : l'enfer des enfers (+ DVD)
"J'ai choisi de vivre au fond du monde. Par temps clair, je crois
apercevoir la silhouette sombre de la pointe du Raz qui s'avance comme
une griffe. Plus à l'ouest, l'île de Sein résiste aux assauts incessants
d'une mer jamais tendre... Maigre échine d'une terre que l'on prétend
aujourd'hui engloutie. Et puis un chapelet de roches qui court jusqu'à
moi : la Chaussée. Pendant des siècles les navires se sont fracassés sur
ses récifs meurtriers.
Un cimetière. Le territoire sacré du Bag
Noz, le vaisseau fantôme des légendes bretonnes. A la barre oeuvre
l'Ankou, le valet de la Mort. Au bout de cette Basse Froide, un fût de
vingt-neuf mètres émerge des flots. Ar-Men. Le nom breton de la roche où
il fut érigé. C'est là où je me suis posé, adossé à l'océan. Loin de
tout conflit, de tout engagement, je suis libre. Ici, tout est à sa
place... et je suis à la mienne.
" Germain, Ar-Men, 1962. Au loin,
au large de l'île de Sein, Ar-Men émerge des flots. Il est le phare le
plus exposé et le plus difficile d'accès de Bretagne, c'est-à-dire du
monde. On le surnomme "l'Enfer des enfers". Germain en est l'un des
gardiens. Il y a trouvé sa place exacte, emportant avec lui sa solitude
et ses blessures. La porte du phare cède sous les coups de butoir de la
mer en furie, et l'eau vient griffer le crépi de l'escalier.
Sous le
crépi, médusé, Germain découvre des mots, des phrases, une histoire. Un
trésor. Le récit de Moïzez. Fortune de mer trouvée parmi les débris
d'un bateau fracassé, Moïzez grandit à l'écart des autres sur l'île de
Sein. Merlin, natif de l'île, est son compagnon d'aventure, Ys la
magnifique, son royaume perdu. Sur la Chaussée de Sein glisse le Bag
Noz, le bateau fantôme, piloté par l'Ankou, le valet de la mort, et
Moïzez est aux premières loges.
Plus tard il participera à la folle
entreprise de la construction d'Ar-Men, quatorze ans durant, de 1867 à
1881. Fébrilement, Germain note tout sur un carnet. Après le travail
quotidien, une fois répété les gestes précis et nécessaires à
l'entretien du phare et de son feu, Germain raconte encore et encore.
Blottie au fond de la salle de veille, une silhouette est tout ouïe...
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